Preuve de la fertilité de leur terre, les arméniens appellent la region du Karabagh Artsakh, «le jardin noir». Toutefois, cette terre fertile reste aussi très marquée par la guerre*; sa population continue de souffrir de la pauvreté, du manque d’électricité et d’eau courante mais aussi d’exclusion. Perdus dans les montagnes, les habitants des petits villages s’organisent entre eux. S’ajoutent le blocus économique actuel et l’absence totale d’aide humanitaire internationale qui rendent difficile le retour à une vie normale. La survie de ses habitants dépend majoritairement de l’aide des ONG.
Professeur d’Histoire mais surtout amoureux de cette région, Taron Hakopyan a regroupé ses proches autour de lui en 2006 pour créer l’association Veratsnvats Hayrenik qui met en place notamment des projets d’élevage. L’objectif était de faire soi-même le travail et montrer que beaucoup peut être fait et bien fait avec peu de moyens.
C’est sur cette association qu’Elevages sans frontières s’est reposée en 2008 pour aider 51 familles de Martuni, dont celle de Vasken. Tout jeune marié et père d’un petit garçon, la vache qu’il a reçue a été une première aide dans sa nouvelle vie de chef de famille. En 2 ans, Vasken a obtenu 2 petits de sa vache. Alors qu’il sera père pour la seconde fois d’ici un mois, les animaux ne seront pas de trop pour continuer à nourrir sa famille par les produits laitiers mais également par le troc : le lait que sa femme Anouch transforme en fromage est échangé directement avec les autres habitants du village.
Devenu une référence dans la conduite de l’élevage, Vasken fait ainsi la fierté de son père mais aussi de Taron qui est depuis devenu son ami. Les deux hommes prennent toujours le temps de discuter ensemble autour d’un repas lors des visites bimensuelles de Taron sur les projets.
Pour Vasken et les autres familles bénéficiaires dans cette région encore instable où les morts font partie du présent, si l’élevage n’est pas générateur de revenu, il est une Activité Génératrice de Vie.
*Conflit des années 1990 opposant l’Azerbaïdjan et la population arménienne du Karabagh suite aux revendications d’autonomisation de cette dernière et son désir de rattachement à l’Arménie. On compte 300 000 morts et 1 million de réfugiés.
Témoignage recueilli par Mélina Pirollo Karnikian d'Elevages sans frontières
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